Ciel mes besoins !

Ciel mes besoins !

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Il y a peu je ne pouvais plus voir ma tronche en peinture.

Vraiment.

La cohabitation avec moi-même était des plus insupportables.

Je gueulais pour un oui ou pour un non sur mes enfants qui étaient devenus mes ennemis jurés, mes empêcheurs de vivre en rond, en carré ou en triangle.

Et plus je vociférais, plus je me trouvais toute pourrie, tout en constatant que je n'arrivais pas à inverser la tendance...

Pourtant il fallait bien faire quelque chose...Et là, la solution rêvée m’est apparue comme une évidence : il fallait que je les mette à la poubelle que je rachète du chocolat-au-lait-noix-de-Pécan... que j'aille chez le coiffeur.

Oui je sais, la chute est délicieuse ; tu ne t'y attendais pas. Mais pour moi à ce moment-là cette déduction était la seule recevable !

Et oui, il y a des moments où faire avec ce que l'on a,  celle que l'on est,  relève du véritable tour de force. On a tellement tendance à se raconter que l'on n’est pas LA bonne personne pour vivre notre vie, qu'il y a eu une erreur de casting !

Et comme on a aussi tendance à confondre vitesse et précipitation on risque fort de se faire avoir en se jetant sur la première stratégie qui passe  pour changer le cours des choses.

On veut éliminer l’inconfort, supprimer la frustration…alors que  ce qui nous fait souffrir ou nous gonfle s’avère être un puissant révélateur de ce qui est précieux pour nous et qu'on ne vit pas, ou plus.

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Comment donc, identifier ce fameux précieux ?

Comment donc, identifier ce fameux précieux ? Eh bien en allant débusquer les besoins qui se planquent derrière toutes ces émotions chagrines.

En effet, quand nos besoins sont nourris, on se sent vivante, légère, joyeuse. Quand ils sont "en vide" ils génèrent ces fameuses émotions, des sentiments ou des pensées désagréables.

Or il y a mille façons différentes de nourrir ces besoins.

Et si tu es comme moi, tu n'aimes pas du tout ressentir de l'inconfort. Alors tu essaies par tous les moyens de supprimer ce qui en est à l’origine, à tout prix !

Ce mode de fonctionnement hyper habituel peut parfois avoir des conséquences tragiques pour nous ou pour les autres.

C'est bien pour cela, qu'avant de tourner la barre à 180, ça peut quand même valoir le coup de prendre le temps de mesurer ces conséquences avec un maximum de réalisme et un peu de recul avant de décider qu'on va changer de métier...ou de coupe de cheveux !

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La coiffeuse, elle, a été plus philosophe -ou inconsciente- en me sortant :

C'est valable pour nos vies, nos enfants, nos coupes de cheveux...et le métier que l'on exerce !

Si je te parle de ça aujourd'hui c'est parce qu'en ce moment il y a énormément de soignantes qui jettent l'éponge et leur blouse avec, d’autres qui sont tentées de le faire mais ne voient pas comment s’y prendre.
Certaines d'entre elles témoignent a posteriori qu’elles auraient aimé prendre le temps de se faire accompagner pour vérifier si la reconversion était vraiment la seule issue possible. Elles retrouvent aujourd’hui dans leur nouveau métier les mêmes difficultés qu’avant.
D’autres justement n’ont finalement pas opté pour la réponse immédiate qui tentait pourtant de s'imposer comme la seule et unique. Elles confirment qu’elles auraient pu se faire avoir par les gros néons et la flèche « c’est par là ! » sans voir qu’il y avait d’autres portes à côté !
C’est grâce à l’accompagnement et le partage avec d’autres qu’elles ont évité l’écueil.

Elles ont par exemple choisi d'évoluer dans leur métier, ou ont adapté leur environnement. Et contrairement à ce qu'elles avaient initialement imaginé elles n'ont finalement pas changé de voie.

Pour le dire autrement, elles ont pris le temps d'aller gratter les apparences et interroger les évidences, plutôt que de jeter le bébé avec l'eau du bain.  C'est cela qui leur a permis d'identifier ce qui leur tenait vraiment à cœur. Grâce à cela elles ont pu aussi  faire le deuil de la vie idéale qu’elle s’étaient imaginé vivre.

En ce qui me concerne j'ai foncé tête baissée

Sans me demander quel était le rapport entre mon ras le bol et ma boucle sans ressort et je suis ressortie avec une coupe courte à la Audrey Tautou, ...sans le joli minois de l'actrice.

Demi-réussite ou total échec, je n'arrive toujours pas à statuer.

Mes enfants eux, n'ont pas eu d'état d'âme et ne se sont pas privés de lâcher des gros "aaaargh, beeeeeuuuuurk mais t'es trooop moche" à mon retour, ce qui m'a donné l'envie de m'en débarasser de manière encore plus sordide que quelques heures auparavant !

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La coiffeuse, elle, a été plus philosophe -ou inconsciente- en me sortant :
"Bon, ben on aura essayé hein !" Je lui aurais bien fait bouffer son fer à lisser.
La version de moi total-échec a tendance à clamer qu’avant de vouloir changer d'enfants ou de coupe de cheveux, ce serait vraiment pas mal de prendre le temps...de ralentir, et d'écouter ce dont j'ai VRAIMENT besoin.

 

La demi-réussite répond que finalement , le drame aurait peut-être été de ressembler à Amélie Poulain…