Quand lâcher permet de s'ajuster
Attention chaud devant ! Gros dossier en vue. Le monstre Burnout. Bouh ça fait peur, attention... Danger ! Pour les autres oui mais pas pour moi. J'en ai entendu des collègues, j'en ai lu des témoignages...Mais moi, je ne me sens pas concernée, moi j'ai tout pour être heureuse. Je fais avec, je m'adapte. Et pourtant. La morosité ambiante me glace, je n'ai pas envie de voir que je fais aussi peut-être partie de l'équation. Ça fait mal de prendre le temps de penser et de ressentir, parce que ça nous projette dans une réalité qu'on évite soigneusement de regarder en face. On dit partout que le burn out est une occasion de se positionner différemment, de redessiner les contours, mais aussi l'essence même de notre rapport à l'existence, à cet idéal qu'on avait projeté. Alors est ce que je corresponds à toutes ces cases, à ces facteurs de risque ? Est-ce-qu'on ose voir qu'on n'a pas besoin de toutes les remplir -ces foutues cases-, pour avoir le droit de se sentir inconfortable quand une part de nous n'est pas comblée, alors même que l'on s'était imaginé qu'une fois notre diplôme en poche et les cases de nos envies bien remplies, nous serions enfin celle que nous aspirions tant à devenir ? Mon expérience c'est que le BO est là quand je me sens tellement épuisée-sans énergie-crispée, que je ne vois même plus ce qui pourrait être ajusté, bougé, modifié à l’extérieur. Quand je vois aussi qu'à l'intérieur rien ne peut plus bouger non plus. Quand je n'ai plus la conscience de mes besoins, quand tout s'est accumulé en chaos, en magma ...et que je m'y sens collée et identifiée. Je suis coincée, dans une impasse, je ne vois pas comment je pourrais m'en sortir. Désespoir. Désarroi. Pourtant je ne suis pas obligée de perdre complètement pied pour saisir les mains qui me sont tendues . Pourtant je crois que tous ces facteurs "de risque" sont aussi des signaux, pas que des signaux d'alarme ou de danger potentiel, mais des signes que quelque chose de vivant et joyeux, se meurt de tristesse de ne pouvoir s'incarner. Ces signaux peuvent être des occasions, des opportunités de rentrer en dialogue authentique avec cette part de moi qui meurt de ne pas pouvoir s'exprimer, puis d'être entendue, accueillie pour ce qu'elle est. Mais comme ces élans de vie sont considérés comme des dangers potentiels, on finit par les ignorer ou les museler. Parce qu'elles font peur, et que ces aspirations paraissent capricieuses, ces parts finissent par se taire et se tarissent, et l'on se déconnecte progressivement de leur Source, notre Coeur ! Ou au contraire, elles enflent, se gonflent, jusqu'à tout dégommer et exploser... Peur de partir à la découverte de celle que je suis devenue. Or, la peur se déconstruit par la connaissance et la compréhension. En fait on s'en fout : burn out, bore out, dep...on s'en fout des mots. Ce qui compte c'est ce qui se vit au-dedans et qui demande juste à être reconnu. Et autorisé à exister. C'est une négociation permanente entre ce que l'on aspire à vivre et les moyens que nous avons de le vivre...que nous n'avons pas toujours à disposition. À mon sens la souffrance apparaît quand on se raconte que l'on ne devrait pas vivre ce que l'on vit, qu'il y a un problème... Qu'on ne devrait pas être comme on est ni ressentir ceci ou cela. Que tout devrait être stable. Lisse, et sans aspérité. Apparaît alors la culpabilité (colère contre soi) et/ou l'injustice (colère vers l'extérieur). Tu as dejà vu un ECG plat et lisse ? C'est un ECG de...mort ! En ce qui me concerne j'ai choisi d'arrêter d'être une "gentille personne morte" avec la perspective de redevenir...vivante. Ça implique le risque d'avoir le coeur brisé à maintes reprises. D'adopter une autre vision de nous-même, qui n'est pas la "meilleure version" qu'on nous vend à tire-larigot. Mais c'est pas grave ; un coeur ça se répare, ça se recolle. Si on redonnait à nos coeurs la permission de battre la chamade, au ralenti, peu importe, mais...de battre au rythme de nos vies ?