Ce terme me trotte dans la tête et me questionne.
Depuis un petit bout de temps j’ai envie d’écrire à ce sujet mais j’ai un peu peur de me tromper vu qu’il est intraduisible !
En cherchant un peu, j’ai découvert qu’il regroupe en fait plusieurs réalités selon le contexte dans lequel il apparaît.
L'empowerment professionnel notamment est pour moi un mélange entre autonomisation et promesse de croissance ; une « prise en main » de sa vie en général, au travers de plusieurs aspects en particulier.
Il y a donc quelque chose d’éminemment actif : c’est un processus qui demande une première action pour s’enclencher.
"Être émancipée" ne se décrète pas, cet état est un résultat et requiert donc de s’émanciper au préalable.
Vieux réflexe d’ortho sans doute, mais le s’ est important.
En effet il y a un premier temps fondamental, qui est celui de décider de mettre son attention, de "tourner sa caméra" vers soi. C’est loin d’être évident parce que tous nos sens nous portent vers l’extérieur : les sollicitations, les to-do-lists, les demandes plus ou moins légitimes, bref.
Pas évident de trouver le temps de « faire retour » quand on s'occupe des autres H24.
Plutôt que de trouver des réponses toutes faites ou de proposer un mode d’emploi, j’ai eu envie de témoigner de ce qui je crois, a contribué à mon « empowerment » professionnel.
C’est l’histoire d’une jeune ortho qui a réussi à trouver sa place grâce à des rencontres ; des rencontres qui furent d’ailleurs un bel exemple de ce que nous pouvons nous apporter entre collègues et ainsi à nos professions.
Ces rencontres qui ont fait naître un processus de maturation, qui ont permis à une jeune pro de devenir autonome, en sachant de plus en plus vers quoi elle tendait et qui se sentait de plus en plus légitime pour le réaliser.
Diplômée après des études menées avec -plus ou moins- de passion, mais avec coeur je réalisais que j’avais surtout excellé dans l’art de percevoir ce qui était attendu d’une « bonne » ortho
tout en me trouvant toujours un peu à la marge…
J’avais des questions qui ne trouvaient pas d’endroit pour se poser, et si j’avais des idéaux, je ne parvenais pas à trouver mon identité et ma place d’ortho.
Tout au long de mon parcours il y a des collègues que j’ai croisées.
Il y en a d’autres que j’ai vraiment rencontrées. Ce qui m’a marquée c’est que la vision de ces femmes correspondait à celle que j’avais du soin. Si différentes étions-nous, cette vision et ces aspirations communes nous rassemblaient et je me sentais alors moins seule grâce à ces partages authentiques.
Nos anecdotes, nos coups de gueule, nos incompréhensions parfois, ont fait naître des prises de conscience, ont ébranlé mes certitudes, m’ont permis des pas de côté qui ont -entre autres-fait jaillir une autre façon d’être vis-à-vis de mes patients, mais aussi et surtout vis-à-vis de moi-même.
À chaque fois que l’on a pu se montrer vulnérables, poser 5 minutes notre blouse, réelle ou virtuelle, admettre nos erreurs, les mettre en perspective, on a pu rigoler ensemble de ces situations où on a merdé, comme de celles où on aimerait un peu s’arranger avec la réalité pour ne pas perdre la face.
Chacune est repartie de ces moments avec un peu plus de paix, sûre que son chaos intérieur avait le droit d’exister !
Bénéficier d’une écoute bienveillante tout en partageant une même philosophie, entendre un « moi aussi », m’a permis de poser un cadre suffisamment sécure pour oser le courage - d’affronter une vie pro pas toujours sexy : oser le courage de dire non, rappeler un patient pour évoquer une erreur ou un oubli, réclamer, clarifier, et j’en passe.
Je considère ces femmes rencontrées comme de véritables petits anges gardiens.
Grâce à elles j’ai expérimenté que me mettre en situation de vulnérabilité avait finalement pour conséquence inattendue le plus grand bénéfice de ceux dont je devais prendre soin.
Enfin, toujours en essayant de décortiquer ce qui fait naître l’empowerment, je réalise que l’ingrédient majeur, le terreau indispensable est la confiance réciproque.
C’est elle qui permet une relation horizontale en amenant chacun à solliciter l’autre, devenant ainsi selon l’occasion aidant ou aidé.
Ce mode de relation permet ainsi de faire émerger un élément essentiel à l’épanouissement professionnel : le sentiment d’utilité et de légitimité.
Je me suis souvent sentie soulagée de croiser sur mon chemin des consœurs, des tantes, une maman aussi -infirmière libérale- à l’approche rigoureuse et à l’écoute humaine, jamais complaisante, sans trop savoir exactement pourquoi j’étais si chanceuse.
C'est en réfléchissant à la notion d’empowerment et en revisitant tous ces moments que je me suis rendu compte que suivre l’exemple de pairs que l’on admire est une chance et un moteur, mais n’est pas suffisant pour grandir.
Une fois qu’on se sent sur la même palette, ce qui nous permet de trouver nos nuances, ce sont une écoute et un regard disponibles et bienveillants.
Mais pour déployer nos ailes, pour passer à l'action, passer du courage de la vulnérabilité à l'audace d'avancer, la vie a besoin de notre OUI ; et ce oui, personne ne le prononcera à notre place...
Alors 1-2-3...partez !