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J'étais tellement habituée à faire la liste de ce que je devais faire
De ce qu'il fallait que je fasse.
De ce qu'il ne fallait pas que j'oublie de faire.
De dire. D'envoyer. De poster...
Que j'avais fini par ne plus voir la violence portée par cette "to do", pavée de bonnes intentions...
Pourtant, elle me projetait systématiquement dans la comparaison entre là où je devais être, là où je voulais être, et là où je me trouvais vraiment...
Et comme dans de nombreux domaines j'ai de grands désirs et peu de moyens, je me sentais déçue...et coupable !
Je n'étais même plus en mesure de sentir, d'en mesurer les conséquences, tout affairée à comparer mes performances à ce qui était attendu, à ne pas oublier !
Par les autres, par moi, par cette petite voix intériorisée qui se prend pour mon baromètre alors qu'elle est en fait un tyran intérieur sans concession.
Alors aujourd'hui je me suis autorisée à établir une tout doux liste.
La liste de mes envies, de mes rêves, de mes aspirations, guidée par ce qui est vivant et mouvant en moi.
Ce qui me fait du bien ; ce sur quoi je veux mettre mon attention parce que ça me fait plaisir, ça me procure de la joie.
C'est une tout autre énergie qui a émergé et qui a généré de la paix et de l'ouverture en lieu et place de la procrastination, crispation et de la frustration auxquelles je m'étais habituée.
Organisation, anticipation, gestion du temps
Avec cette obsession de la liste on a fini par adopter l'idée sous-jacente qu'on peut circonscrire et gérer notre vie en oubliant que cette dernière est mouvante et si souvent imprévisible.
L'intention est pourtant bonne : soulager la fameuse charge mentale, en nous aidant à prioriser.
Pourtant cette croyance n'est pas sans conséquence pour nous et nous fait faire le grand écart sans échauffement !
Elle nous propulse dans une tension phénoménale : quand on est en retard, quand on a oublié le fromage blanc ou le PQ, quand on peine à terminer la rédaction de nos CR. On se met alors à le vivre davantage comme un échec, une défaillance, et c'est là une occasion supplémentaire de nous taper dessus.
En effet, une petite voix nous dit alors "Comment ? Malgré tout ce qui est mis en place, tu n'y arrives toujours pas ?" Nous voilà alors à nouveau "trop", ou "pas assez".
Sûrement parce qu'avant on n'a pas pris le temps pourtant essentiel de commencer par nos envies, mais aussi parce qu'on limite notre liste à un amoncellement d'obligations et de choses à faire.
Ce matin en établissant ma tout-doux liste, je me suis sentie revigorée, j'ai fait ce qui avait du sens pour moi : j'ai contacté celle que je voulais être. Et je me suis rendu compte su'elle était déjà là !
Ça faisait en effet des années que je construisais des to-do lists, parce qu'on m'avait dit que ça m'aiderait, parce que "tout le monde le fait", c'est bien connu !
La conséquence de trop écouter les autres, c'est que je suis passée en mode automatique sans me demander si c'était bon pour moi ... Moi qui milite pour que chacune d'entre nous apprenne à se considérer avec davantage de douceur, de bienveillance et d'empathie !
Et si on se faisait confiance ?
Se faire confiance c'est écouter son intuition ; sa petite voix intérieure. L'accueillir et la cueillir comme un cadeau au lieu de la considérer comme une capricieuse avec défiance et suspicion.
Nous sommes pétries de croyances mitonnées à notre sauce du genre "Dans la vie on ne fait pas toujours ce qu'on veut"qui s'est transformée en "on ne fait jamais ce qu'on veut".
Être heureuse, épanouie, malgré notre vie pas toujours sexy, c'est devenu presque suspect. Être au fond du seau et ne pas voir comment on va s'en sortir c'est aussi une tare.
S'observer et s'accueillir comme une bonne amie avec réalisme et authenticité plutôt que de se fixer des objectifs, des idéaux, se comparer à ce qu'on devrait être me paraît a contrario beaucoup plus doux et respectueux de nous-mêmes.
- Toc toc toc ? Ce serait pour demander la permission d'être exactement comme je suis ?
- Tu tombes bien ma fille, il n'y a rien à réussir, rien à rater, tu es parfaite comme tu es !
J'ai donc établi ma tout doux liste ce matin. Peut-être qu'elle changera demain.
Se modifiera, au gré de mes humeurs, de mon cycle, des événements de la vie que je n'aurai pas choisis, pas prévus...
Et il est bon qu'il en soit ainsi.
Choisissons donc de bâtir nos maisons sur le roc, le socle de notre réalité -avec ses couleurs et ses nuances- plutôt que sur le sable de nos illusions et nos chimères.