Tu as le droit d'être intranquille.
Au cœur de mes débordements, de mes pensées tumultueuses, de mes tourments intérieurs, que je partageais tout en m'excusant d'être si intranquille, presque oppressante - comment ça chiante ?!- pour ceux qui m'entourent, une voix intérieure s'est un jour élevée avec cette phrase qui résonne encore profondément.
« Mais tu as le droit d’être intranquille, Anne-Sophie ».
J'ai alors terminé ma énième justification foireuse, jusqu'à ce que le sens de cette phrase me frappe. Je me souviens, c'est comme si une lumière nouvelle avait illuminé ma réalité, comme si une brèche s'ouvrait dans le mur de mes préoccupations.
Ces quelques mots ont résonné comme une invitation à explorer un territoire inconnu, à accepter une part de moi que je repoussais jusqu'alors.
Alors que je considérais ma propension à être intranquille comme une faiblesse, une faille dans mon armure de femme -soignante qui plus est- alors que je croyais qu'être remplie de contradictions, désirant tout et son contraire, était incompatible avec mon rôle quotidien de soutien et de réconfort...
...une voix intérieure m'accordait la permission d'être intranquille. Changement de perspective, réorganisation de mes pensées.
Arrêt sur image. Je laisse cette autorisation m'imprégner, résonner encore en moi. Je m'arrête sur cette idée nouvelle, je la médite. Ell est si dissonnante avec ce que j'ai toujours cru, expérimenté, entendu, et finalement intégré, j'ai nommé the Famous "Tiens toi tranquille !".
"Intranquille ? Mais enfin ! No way, surement pas ! Je sais bien que je le suis, mais je ne veux pas l'être, ça me dérange, ça dérange tout le monde je le vois bien ! Ça questionne et amuse autant que ça effraie ! Je voudrais tant être sereine, confiante, suivre un chemin tracé sans heurts. Depuis si longtemps, je m'efforce de paraître forte, calme, toujours prête à prendre soin des autres. Je veux incarner la quintessence de la sérénité féminine : efficace et apaisante."
J'écoute cette part de moi qui s'exprime, cette part adulte et contrôlante, cette part qui me baillonne et m'invective depuis si longtemps. Elle a la dent dure, alors le choc est violent. Un choc révélateur...
Je ressens au plus profond de moi que cette voix qui s'est élevée, balbutiante au début et finissant par gronder, est juste. Elle vient me percuter alors j'aurai besoin de temps pour l'intégrer, pour l'accepter, pour voir si elle peut illuminer mon quotidien de femme-attentive-et-dévouée-qui-se-sent- perpétuellement-attendue-au-tournant.
Je me la répète régulièrement cette autorisation, je laisse son écho se répercuter dans ma vie sur pilotis.
Ainsi, aujourd'hui, je souhaite aussi te dire ceci :
"Tu as le droit d'être intranquille, chère Blousée".
Oui, tu as le droit d'exprimer cette intranquillité, d'incarner cette complexité qui te secoue parfois, parce tu portes en toi la complexité du monde, ni plus ni moins. Même -et surtout- au cœur de ton "rôle" de soutien. Parce que dans cette intranquillité se trouve une part de ta force, une part de ta vérité.
Cette acceptation, c'est comme une bouffée d'air frais au milieu de tes responsabilités, comme une menthe Pastille frappée à la fin d'un repas trop lourd ...-ouh là je m'égare- !
C'est reconnaître la beauté et la puissance de ta vulnérabilité.
Et dans cette reconnaissance, dans cette acceptation, se trouve une nouvelle forme de liberté, à conquérir jour après jour...