Lire en audio
On se rapproche du printemps
Mais le moins qu'on puisse dire c'est qu'on a du mal à l'imaginer...
Nous voilà en hiver...aaaah...les voilà, nos règles !
Libération pour certaines, torture pour d'autres, déception pour celles qui attendaient d'abriter un petit invité.
Après ce temps de transition de l'automne, cette période de doutes où on a fait du yoyo, voilà que l'hiver s'installe. Je t'ai parlé d'Hudson et de sa roue du changement, voilà ce qu'il dit à ce sujet :
En hiver on ne sait plus où on en est. C'est une période de désengagement, de résignation, d'immobilisme.
Pour la femme c'est une saison interne de repli sur soi, de lâcher prise, où elle a besoin de repos, de ralentir, et de s'écouter.
C'est une période pendant laquelle les prises de conscience opèrent souvent, une phase propice au bilan.
Une période également qui peut apporter une certaine sérénité.
On peut également ressentir des douleurs, des tensions ; on a souvent grise mine, on se trouve moche !
Mais c'est aussi un temps de grande intériorité et d'intuition.
Pour la Soignante, cette saison peut être problématique
L'ambiance principale étant le calme, le repli, il est clair que dans nos métiers où le relationnel prime, on peut avoir du mal à mobiliser nos ressources pour nous mettre en empathie.
On a beaucoup moins d'énergie, on peut être fatiguée donc moins patiente...et surtout, on a moins envie ! Si on n'a pas conscience de cette spécificité, on peut hyper rapidement en arriver à se flageller et se dire qu'on n'est pas une bonne soignante.
En ce moment si singulier durant lequel on aurait besoin de prendre soin de soi, prendre soin des autres peut s'avérer un véritable tour de force. On a l'impression de se forcer, de se faire violence, et de manquer d'authenticité.
C'est la période que j'appelle période des 3S : les besoins principaux sont le Soutien, la Solitude, le Silence.
Tu vois où je veux en venir ?!
C'est pas au boulot que l'on va pouvoir connecter ces besoins, bien au contraire. Mais une fois qu'on le sait, c'est comme pour le reste !
On a conscience que l'on ne va pas attendre de nourrir ces aspirations non plus au sein de notre foyer, surtout si on a d'adorables petites machines à pomper de l'énergie, j'ai nommé nos enfants !!! On va donc décider d'avoir moins d'attentes (j'insiste, ça se décide !) ou en tout cas des attentes plus réalistes et respectueuses de la période que l'on traverse.
Quoi qu'il en soit, si nos besoins spécifiques sont honorés en hiver, nous aurons davantage d'énergie pour redémarrer le cycle suivant.
Bon, ça fout un peu la loose tout ça non ?
Et pourtant. Cette période de purge est une super période pour la douceur et la lenteur, pour les marches dans la nature, pour réfléchir et faire le point.
Professionnellement, c'est un moment où on peut s'aventurer à oser dire non, à travailler seule quand on peut, à déléguer ou repousser à plus tard sans culpabiliser.
Comprendre et accepter cette pause naturelle nous permet de ne pas nous épuiser et de préparer le dynamisme dont nous aurons besoin pour redémarrer le cycle suivant.
C'est un temps de retour aux sources, de "retour au foyer", notre foyer intérieur.
Le vide peut être un vide fertile, un vide qui laisse la place à l'essentiel, où l'on accepte de "Se faire creux pour ce qui vient".
Un autre point essentiel : parfois en hiver, on peut avoir des idées, des projets "de printemps", qui ne correspondent pas aux moyens que l'on a physiquement, physiologiquement ou émotionnellement. Mais on "fait quand même".
On se fait violence, comme la poule qui voit le grain derrière le grillage, et essaie donc de le traverser, parce qu'elle y est collée et qu'elle ne peut envisager d'autre solution.
En prenant du recul, elle verrait pourtant que le grillage est ouvert à droite et à gauche, mais la gallinacée s'évertue à vouloir le traverser. Elle va donc dépenser une énergie folle à le piqueter de son bec...et y laisser des plumes quand enfin elle aura créé une issue...
Ça ne t'évoque rien ?! T'es sûre ?!
Loin de moi l'idée de vouloir nous comparer à des poules...
Non.
Ou alors débrouillons-nous pour redevenir des poules de plein air !
Plus sérieusement, et si nous profitions de cette période de jachère pour cultiver notre jardin d'hiver ?
Je sais bien qu'on ne peut pas mettre notre vie sur pause pendant ces 4 ou 5 jours, mais on a toujours le choix : se coucher plus tôt, oser verbaliser notre fatigue et notre lassitude et mettre tout le monde à contribution ; zapper le sport et les soirées entre copines...
Cette période où tout semble figé est la période idéale pour prendre soin de soi. Cessons de lutter et de croire que l'on peut être linéaire, performante, puissante et solide H24, 7/7.
Cessons pour un temps de foncer, au risque de nous malmener. Constatons que nous avons moins les moyens sans en faire tout un plat ! Acceptons cette vulnérabilité..nous n'avons guère d'autre choix !
Au lieu de lutter contre un cycle qui quoi qu'il en soit s'impose à nous, cela nous permettra de garder notre énergie pour de ne pas laisser rentrer n'importe quel jardinier et le voir piétiner nos semis le printemps venu. Permettons-nous de laisser évacuer le trop plein et le superflu avec nos menstruations, lavons-nous de nos croyances et nos jugements !
Laissons place à l'allègement et au recul, ne cherchons pas à semer , à entreprendre, à innover sur un sol gelé.
Notre corps qui varie a tant de choses à nous enseigner si nous l'écoutons ! Nous avons là un véritable atout pour mieux nous comprendre et nous aimer telles que nous sommes : nos variations sont une véritable richesse !
Quand nous lâchons nos exigences sur nous-mêmes, cela nous rend tellement plus inspirantes et authentiques ! À bon entendeur...
Pour approfondir les différents aspects de cette saison singulière, nous avons sélectionné pour toi de jolies lectures , ainsi que des accompagnements spécifiques.